Vote par Internet : une solution pour lisser les extrêmes ?

Quelles solutions pour mieux contrer les extrêmes lors d’élections politiques ? Le niveau d’abstention, qui n’a cessé d’augmenter tout au long de la Vème République, a tendance à favoriser les extrêmes, de droite ou de gauche, bien plus mobilisés : une situation qui impacte logiquement la représentativité globale des élections. L’utilisation d’Internet, que ce soit via les réseaux sociaux ou le vote sur Internet, pourrait être vecteur d’une meilleure représentativité aux élections en augmentant la participation et en mobilisant l’« électorat mou ».

Le vote sur Internet est porteur d’espoir en matière de diminution de l’abstention mais pas seulement : son utilisation pourrait aussi jouer un impact sur les résultats du vote. Un sondage Harris Interactive-Nouveaux Horizon révélait ainsi que 58% des abstentionnistes voteraient par Internet s’ils en avaient la possibilité, et même 79% chez les jeunes de 18 à 24 ans. L’augmentation de la participation pourrait permettre d’obtenir des résultats plus représentatifs. Les votes extrêmes, de droite ou de gauche, habituellement surreprésentés du fait d’une plus grande mobilisation de leurs électeurs, pourraient théoriquement en pâtir. Le vote par Internet pourrait en ce sens avoir un effet de polarisation des votes en attirant « l’électorat mou ».

Du fait de son utilisation encore restreinte lors d’élections nationales, peu d’études ont été menées à ce sujet. La Commission externe d’évaluation des politiques publiques Suisse avait néanmoins mené une étude sur l’effet du vote sur Internet à Genève. Les résultats de ces votes avaient permis de mettre en évidence quelques différences entre les choix exprimés entre les électeurs utilisant le vote par Internet et ceux utilisant un vote aux urnes classiques, notamment « les personnes favorables à l’intégration européenne de la Suisse et à l’augmentation de la taxation des hauts revenus sont légèrement surreprésentés parmi les votants par internet ». Autre facteur allant dans ce sens : l’utilisation d’Internet permet d’envoyer aux électeurs des emails de rappel. Ces relances par email, rappelant la tenue d’une élection, a un effet sur la participation et sur la mobilisation de cet électorat faiblement mobilisé.

Si la France reste encore en retard en matière de vote par Internet sur des élections nationales par rapport à des pays précurseurs comme l’Estonie ou la Suisse, de plus en plus de personnalités politiques françaises s’y intéressent et manifestent leur souhait d’étendre le vote par Internet lors d’ élections politiques, en commençant par le vote par Internet des français résidants à l’étranger. Axelle Lemaire, Secrétaire d’Etat au Numérique, se positionnait ainsi en novembre dernier en faveur du vote sur internet. Le député Frédéric Lefebvre déposait fin janvier une proposition de loi visant à généraliser le vote par Internet.